Avant de pratiquer, j’ai voulu comprendre comment le cerveau fabrique la douleur
Avant d’utiliser l’hypnose pour soulager la douleur, j’ai voulu savoir ce qui se passe réellement entre la sensation et la souffrance.
Ce que j’ai découvert, c’est que la douleur n’est pas qu’un signal nerveux : c’est une expérience créée par le cerveau pour alerter, protéger, parfois même retenir.
Deux personnes atteintes de la même lésion peuvent percevoir des niveaux de douleur totalement différents. Pourquoi ?
Parce que la douleur est influencée par la peur, la mémoire, le stress et l’environnement émotionnel.
C’est ce lien entre le corps et l’esprit qui m’a conduite vers l’hypnose, une approche capable d’agir directement sur la perception cérébrale du signal douloureux.
Selon l’INSERM (2020), l’hypnose est aujourd’hui reconnue comme un outil thérapeutique complémentaire dans la prise en charge de la douleur, notamment en chirurgie et en soins palliatifs.
Douleur aiguë, douleur chronique : deux réalités différentes
- La douleur aiguë (pré ou post-opératoire) est un signal de protection. Elle informe le cerveau d’une atteinte tissulaire et favorise la guérison.
- La douleur chronique, elle, persiste au-delà de la cicatrisation. Le signal d’alerte devient autonome : c’est le système nerveux lui-même qui entretient la souffrance.
D’après Santé publique France, 30 % des adultes souffrent de douleurs chroniques, et 8 % vivent avec des douleurs intenses impactant le sommeil, le moral et la mobilité.
Ces douleurs laissent souvent les patients désemparés, surtout lorsque la médecine classique ne parvient plus à tout apaiser.
L’hypnose intervient alors comme un médiateur entre le corps et le cerveau : elle ne nie pas la douleur, elle modifie la façon dont elle est vécue.
Comment agit l’hypnose sur la perception de la douleur
Sous hypnose, l’activité du cerveau se réorganise.
Les zones impliquées dans la vigilance diminuent, tandis que celles liées à la détente, à la concentration et à la visualisation prennent le relais.
Le patient reste conscient, mais son attention est redirigée — ce qui modifie la façon dont les signaux douloureux sont interprétés.
Les protocoles d’hypno-analgésie incluent :
- des suggestions de chaleur ou de fraîcheur, pour neutraliser la sensation désagréable ;
- des visualisations de relâchement dans la zone concernée ;
- une dissociation entre la douleur et la conscience, permettant de “mettre à distance” le ressenti ;
- et des ancrages post-hypnotiques, qui aident à reproduire la détente après la séance.
Une étude publiée dans The Lancet (2019) montre que les patients opérés sous hypnose médicale ressentent 40 % de douleur en moins et nécessitent 30 % d’anesthésiques en moins.
Dans les cas de douleurs chroniques, d’autres travaux (Université de Liège, 2022) ont démontré une réduction moyenne de 45 % de l’intensité douloureuse après un protocole de six séances.
Retrouver le contrôle sur son corps
Dans mes accompagnements à Marseille et en Suisse, j’accueille des patients en préparation d’intervention, en convalescence, ou vivant avec des douleurs chroniques (arthrose, fibromyalgie, douleurs post-traumatiques).
L’hypnose leur permet de reprendre confiance dans leur corps, de calmer la peur anticipée de la douleur et de retrouver une sensation de sécurité intérieure.
Les séances pré-opératoires aident à :
- réduire le stress avant l’acte chirurgical,
- améliorer la tolérance à l’anesthésie,
- accélérer la récupération.
En post-opératoire, elles favorisent la détente musculaire, la cicatrisation et un sommeil réparateur.
Et dans les douleurs chroniques, elles offrent une issue au cercle vicieux : peur → tension → douleur → peur.
Une approche globale et bienveillante
L’hypnose agit de concert avec d’autres disciplines.
Je l’associe parfois à la sophrologie, pour réapprendre au corps à se relâcher, ou au Reiki, pour libérer les blocages énergétiques liés à la mémoire de la douleur.
Ces approches ne remplacent jamais un suivi médical, mais elles offrent un complément essentiel : elles rendent au patient son rôle d’acteur.
Chaque séance est adaptée à la situation, au type de douleur et à la sensibilité du patient.
Certains retrouvent la capacité de marcher plus longtemps, d’autres réduisent progressivement les antalgiques, d’autres encore dorment enfin sans crainte du réveil douloureux.
Apprendre à vivre apaisé, même quand la douleur persiste
L’hypnose ne promet pas la disparition totale de la douleur, mais elle en change radicalement l’expérience.
Elle permet au patient de respirer à nouveau, de reprendre goût au mouvement, à la présence, à la vie.
La douleur cesse d’être un ennemi : elle devient un signal que l’on comprend, apaise et accompagne.
Et dans ce retour à la maîtrise, naît quelque chose de plus fort encore que le soulagement : la confiance retrouvée en son propre corps.

